La Villa Hermès

Publié le par sisiundfranz

hermesvilla06.jpgLa Villa Hermès (Die Hermesvilla) était la résidence privée de l'impératrice Elisabeth à Vienne, loin de la cour et de l'étiquette. Elle a été aménagée selon les voeux de Sissi dans le parc sauvage du Lainzer Tiergarten, à un km d'une porte. Ce parc était une réserve naturelle au sud-ouest de Vienne, dans le 13ème arrondissement, entouré d'un mur d'enceinte de 22 km. Il est aujourd'hui ouvert au public.

 

 

 

 

 images2.jpghermesvilla17.jpgimages3.jpg

 

 

 

 

1. Une résidence privée

 

François-Joseph en eut l'idée au cours de l'été 1881 et baptisa le projet "Villa Waldruh" (Villa Repos en forêt"). Il confia la construction à l'architecte impérial et royal Carl von Hasenauer, l'un des créateurs du Burgtheater sur le Ring qui l'acheva en six mois. L'innovation majeure fut l'électrification de la route qui mène à la villa. François-Joseph l'utilisa d'abord comme pavillon de chasse, puis l'offrit en janvier 1884 à sa femme. Le 20 mars 1884, elle devint la propriétaire privée de la villa et d'un parc environnant de 36 ha, procédure originale, car cela détachait la Villa des biens du Trésor impérial. En 1885, l'impératrice rebaptisa la villa du nom du dieu grec Hermès et commanda au sculpteur berlinois Ernst Herter deux statues de marbre de Carrare, représentant Hermès et Achille mourant pour orner les jardins. Achille fut déplacé dans les jardins de la villa de Corfou en 1891. En 1896, Eisabeth y fit installer le téléphone. 

 

hermesvilla05.jpghermesvilla07.jpg

 

 

 

 

2. Le château enchanté de Titania

 

En 1886, la décoration fut entièrement repensée et le 24 mai, le couple impérial, accompagné de Marie-Valérie, fit leur première visite.   Elisabeth approuva de la tête le décor de la chambre, peint par Hans Makart sur le thème du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare et l'empereur remarqua que, s'il dormait là, il aurait peur de casser quelque chose. Un an plus tard, la famille passa sa première nuit dans la villa. Les murs de la chambre furent achevés après la mort de Makart par Rudolf Carl Huber, Julius Berger, Hugo Charlemont et Pietro Isella. Trois panneaux représentent Titania et Bottom, Lysandre et Hermia et Hélène et Démétrius. Le plafond, représentant Titania et le char d'Obéron, probablement par Charlemont n'est pas une référence à Shakespeare mais plutôt au poème épique Obéron, de Christoph Martin Wieland (1780).

 

hermesvilla10.jpghermesvilla11.jpg

 

A partir de 1887, Elisabeth prit l'habitude de loger à la villa à la fin du printemps pour quelques semaines. Elle fit installer dans le parc un parcours d'équitation avec obstacles. Le décor de la chambre est surchargé. Le lit est néo-rococo et provient du mobilier de Strengberg, près de Amtstetten en Basse-Autriche. A côté, Elisabeth plaça une statue de Niobé se lamentant de la perte de ses enfants, acquise lors d'une exposition d'art à Lugano. Entourée de plantes et éclairée par une lumière artificielle verte, elle apporte une touche mélancolique, sans doute liée à la mort de l'archiduc Rodolphe en janvier 1889. Il est probable que l'impératrice ne dormit jamais dans ce lit, car elle faisait placer un matelas au sol près de la fenêtre pour pouvoir voir les étoiles.

 

3. Une petite visite

 

Une cour et des arcades relient les communs et les écuries au château lui-même. Outre la statue d'Hermès, on trouve aussi dans la cour la fontaine de Diane, oeuvre de Victor Tilgner. La villa comporte un rez de chaussée et un étage. On entre par une sala terrena à la mode de la Renaissance italienne, qui sépare les appartements de Gisèle à gauche et de Marie-Valérie à droite. L'entrée est dominée par la statue de Peri, par le sculpteur brittanique Charles Francis Fuller, initialement installé à Corfou et transférée ici en février 1898.  On retrouve cette même division à l'étage entre les appartements de l'empereur à gauche et ceux de l'impératrice à droite . Sur la façade sur le parc, une salle commune, la Kirchensaal, située au centre, relie les deux appartements et servait à la célébration des messes.

Les appartements de Sissi comportaient, outre la chambre, un cabinet de toilette, une salle de gymnastique décorée de fresques de style pompéien sur le thème du sport et des gladiateurs, par August Eisenmenger, équipée d'appareils de gymnastiques semblable à ceux que l'on peut voir à la Hofburg (anneaux, échelle, balance) et un salon, dont le plafond représente l'allégorie du Printemps, par Franz von Matsch et Gustav et Ernst Klimt. Par la porte de droite, dans la salle de gymnastique, un escalier de fer en colimaçon permet d'accéder au manège. 

 

hermesvilla12.jpg

En 1897, lorsque Elisabeth vendit l'Achilleion, une partie de son mobilier fut transféré dans un des salons de l'appartements de Gisèle, dit salon Corfou.

Comparativement, les appartements de François-Joseph sont austères (Bureau, chambre avec un lit de camp, dressing). L'impératrice le convainquit au milieu des années 1890 de faire installes une salle de bain avec une baignoire et des toilettes avec chasse d'eau. 

 

hermesvilla14.jpg

 

4. Un reflet de l'amour de François-Joseph

 

Cette décision de l'empereur d'offrir la villa à Elisabeth comme propriété privée peut être interprétée comme la volonté désespéée d'attacher sentimentalement Sissi à Vienne et donc de la ramener près de lui.

 Il semblerait que Elisabeth fut déçue par le décor de Hans Makart, dont le thème était récurrent dans les résidences privées de l'impératrice. Il s'agit donc plutôt d'une vision des passions d'Elisabeth à travers le regard de François-Joseph, une déclaration d'amour qui parut décalée. Le choix de Hans Makart est à ce titre révélateur, puisque c'était le peintre préféré de l'empereur, qui ne pouvait s'empêcher de projeter ses goûts. Pour un psychiâtre, et rapelons nous que la jeunesse du Viennois Sigmund Freud est contemporaine de Sissi, la villa serait le psychogramme de l'empereur et sa relation à Elisabeth. Il tente de faire quelque chose qui lui ressemblerait, et se projetant lui-même, ne serait-ce que par le choix des artistes, il avoue son malaise: " Ich werde mich immer fürchten, alles zu verderben" (J'aurai toujours peur de tout gâter)

Le but de François-Joseph était presque atteint. Sissi admit qu'elle se sentait chez elle à la Hermesvilla, parce qu'elle était entourée de nature et qu'elle participait d'un rêve architectural, celui de Titania, reine des fées. Mais la villa ne la fit rester que quelques semaines par an à Vienne...Elisabeth alla jusqu'à avouer que ses visites étaient de devoir (Pflichtbesuche), par respect pour l'homme qui la lui avait offerte.

Pour trouver une trace authentique d'Elisabeth à la Villa Hermès, il faut se contenter des appareils de gymnastique et de la statue d'Hermès.

 

5. La villa depuis 1898

 

Le 14 juin 1896, c'est à la Villa Hermès qu'Elisabeth signa son dernier testament, dans lequel elle lègue la villa à sa fille Marie-Valérie, avec usufruit à l'empereur jusqu'à sa mort. Le 2 juillet 1898, Elisabeth passa sa dernière nuit à la villa avec François-Joseph.

En 1911, l'archiduchesse Marie-Valérie vendit la villa au Trésor impérial et l'empereur y dormit pour la dernière fois en 1912.

Après la première guerre mondiale, la villa fut louée, puis transformée en musée du mobilier impérial en 1923. En 1969, la villa fut entièrement restaurée pour abriter des expositions temporaires, organisées depuis 1980 par le musée d'histoire de la ville de Vienne. 

 

     http://www.wienmuseum.at/de/standorte/ansicht/hermesvilla.html

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article