A Vienne depuis des lustres, dit-on, les pianos pleurent
A Vienne depuis des lustres, dit-on, les pianos pleurent
Mozart est enterré chaque nuit, tout à l'heure
On entend un murmure, un souffle, une rumeur,
Une note que traine la touche du malheur.
Entends tu dans la ville gémir toutes les peurs.
La mort a du génie, elle a tué la fleur,
Mais sur toute la terre, les pianos tous en choeur
s'animent et la raniment et font battre son coeur.
Vienne tua Mozart qui depuis de fureur
Chaque nuit tue dans Vienne un homme quand il meurt.
A Vienne depuis Mozart les pianos sont des tueurs,
Un cri, un coeur s'arrête, disparue la lueur.
Le remord des Viennois est en accord mineur.
Ô toi, passant d'un jour que le souci effleure,
Ou Viennois d'adoption, ô toi, Vienne ma soeur,
Epargne nous pourtant, je suis ton serviteur...
Mozart, Elisabeth, fantômes de jours meilleurs,
Je vous immolerai si je peux mon bonheur
Pour enterrer vraiment Mozart, quand je meurs.